Et voilà le mois d’avril qui se termine et le printemps devrait pointer le bout de son nez ! Il est temps car tout le monde déprime…

Je ne suis pas d’humeur guillerette.

Je vais vous parler de la biologie car on m’a vivement conseillé de me taire.

Mais c’est juste pour donner l’exemple à ne pas suivre… et non pas pour geindre !

La biologie du secteur privé va mal, très mal. Elle a été volée par quelques biologistes avides qui se sont fait piégés par leur attrait du gain et qui sont maintenant étranglés par des fonds de pensions qui les obligent à des taux de rendement délirants. Vous imaginez la suite… les biologistes de terrain subissent leur loi et leur management à très court terme et datant du siècle dernier.  Nous sommes maintenant aux prises de ces tristes personnages qui sous le prétexte qu’ils ont obtenu leur diplôme de médecins, s’auréolent de valeurs que leurs actions démentent. En plus, ils ont le toupet de se proclamer les sauveurs de la spécialité, alors qu’ils ont mis, eux même, en place le système destructeur de la biologie. Juste des pompiers pyromanes…

Je suis bienheureuse que les sénateurs, la CNAM et le CNOM se penchent sur la question des dangers de la financiarisation de la santé et qu’ils s’appuient sur le malheureux exemple de la biologie médicale.

Les investisseurs peuvent entrer au capital des sociétés d’exercice libéral (SEL) à hauteur de 25 % au max, mais « cette limite n’empêche pas les dérives actuelles avec des financiers qui détiennent le contrôle effectif des sociétés d’exercice libéral et remettent en cause l’indépendance professionnelle des associés exerçant, et orientent leur activité avec la lucrativité pour seule finalité, au détriment de la santé publique » écrit le CNOM.

Aujourd’hui, 70 % du monde de la biologie médicale est entre les mains de six groupes privés, adossés à des fonds d’investissement : Unilabs, Biogroup, Cerba Healthcare, Inovie, Synlab et Eurofins. Le nombre de sociétés de biologie médicale est passé de plus de 2 600 en 2010 à moins de 400 en 2021 et alors que les groupes financiers ne détenaient que 16 % des laboratoires en 2010, ils en contrôlaient 75 % en 2020. Et depuis, ce mouvement de financiarisation et de concentration s’est accéléré.

S’il est trop tard pour la biologie et peut être pour la radiologie, il faut sauver les autres spécialités.

Les Cabinets médicaux 2030® et le vaste pôle de santé multi-sites de Paris Saclay ne sont que le commencement dont je cite une pilote de projet « Notre projet a l’objectif d’améliorer l’accès aux soins à tous les âges de la vie, à accroître l’attractivité des métiers de santé et à passer de la médecine curative à préventive », avance-t-elle. À terme une centaine de professionnels de santé devraient exercer sur cinq antennes de 1 000 à 2 000 m2 chacune, réparties sur cinq villes, qui doivent progressivement s’étendre dans les prochaines années, assurant chacun une thématique de soins primaires. «C’est un modèle d’un genre nouveau à forte valeur ajoutée que j’espère pouvoir créer. Ce projet est pharaonique, il va demander beaucoup d’investissements et de soutiens politiques. »

La dernière phrase fait peur… Ce qui est en train de se mettre en place maintenant est très grave, c’est un tournant important, un virage à ne pas rater, car il sera impossible de faire demi tour. Ces centres vont imposer leur standard et leur norme qui deviendront impossible à suivre pour les indépendants. C’est l’avenir de notre système de santé qui se joue car personne n’a envie de travailler dans les conditions qu’ils imposent (travail à la chaine, abatage, réduction de personnel, glissements de taches… perte totale d’autonomie) cela retentira à moyen et long terme sur l’attractivité des professions médicales.

Alors, comptons sur l’aide de nos valeureux élus locaux au CROM pour rester vigilants ainsi que sur notre esprit d’ «Irréductibles Havrais »  dont un a été honoré, vendredi 28 avril, par Mr Edouard Philippe et décoré de la médaille de l’ordre national du mérite pour toutes les actions fédératrices qu’il a entreprises et réalisées avec succès, humilité et humanisme pour le bien commun, le bien des patients, des professionnels de Santé et de la Santé publique. Félicitations Dr Matthieu Blondet !!! Un bel exemple à suivre…

Carine BROCARD

 

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